Lecture commentée de l’Instruction morale du grade d’apprenti

IIe partie

(Tenue du 5 décembre 2017)

Rappel de l’épisode précédent : le candidat a été préparé physiquement. Il est à la porte de la Loge qui s’ouvre par 3 coups. Il découvre le premier terme d’un triptyque qui sera décliné lors des 3 voyages puis sur chacun des 3 grades bleus : il est cherchant. La pédagogie rectifiée est ici finement suggérée : elle prépare à une compréhension à venir. Ainsi ce triptyque que le candidat va découvrir est l’emblème des 3 grades qu’il est appelé à recevoir et à vivre, grades eux-mêmes préparatoires au 4e et dernier grade de la Maçonnerie rectifiée qui donne tout son sens à cet ensemble.

&12 « Vous sentiez en effet… »

Le candidat est invité à passer de l’obscurité à la lumière. Cette notion initiatique traditionnelle peut poser problème dans une Maçonnerie qui se revendique chrétienne. La lumière de la foi chrétienne ne suffirait-elle pas à sortir de l’obscurité ? La Maçonnerie apporterait-elle quelque chose de plus ? Au vrai, la Maçonnerie n’est pas un substitut de religion, elle se veut simplement un exercice, une mise en pratique des vertus chrétiennes. Et peut-être, dans cette optique, se place-t-elle dans le sillage des philosophies antiques qui n’étaient pas que pure spéculation mais la mise en œuvre, pratique, d’une doctrine (Cf. Pierre Hadot, La Philosophie comme une manière de vivre, collection poche).

&13 « Introduit en Loge.. »

Ainsi l’homme est dans l’obscurité. Deux conditions sont nécessaires pour en sortir : action indispensable d’un guide et la coopération volontaire de l’homme (« vos désirs »). Ce thème du guide est très important puisqu’il s’agit, in fine, de Dieu lui-même. S’il n’est pas question, pour la Maçonnerie rectifiée, d’entrer dans un débat théologique sur le rôle de la grâce, il est rappelé ici que la carrière spirituelle maçonnique chrétienne ne serait rien sans la grâce divine (le guide), mais que le candidat doit s’efforcer d’accueillir cette grâce par une démarche volontaire.

&14 « Le Vénérable Maître… »

L’épée sur le cœur rappelle que la carrière spirituelle est possiblement dangereuse : on peut s’égarer et se blesser spirituellement si l’on n’est pas guidé.

&15-17 « Mon cher Frère, il n’est point rare… »

La carrière maçonnique doit nous conduire des ténèbres à la lumière. Pour premier guide nous avons un faible rayon de lumière qui est inné en nous. Ce faible rayon, cette vraie lumière, cette image de Dieu en nous (comme nous l’enseigne la première maxime), cette grâce doit être acceptée et travaillée volontairement si l’on veut approcher, un jour, le Temple de la vérité, de Dieu. Ainsi nous partons pour un long voyage, semé d’embûches, pour tenter d’accomplir notre « vocation », à la recherche de notre véritable image, c’est-à-dire essayer d’approcher ce à quoi nous sommes appelés par Dieu.