Lecture commentée de l’Instruction morale du grade d’apprenti

Ière partie

(Tenue du 7 novembre 2017)

Ce texte rédigé dans les années 1782-1784 fait partie de la cérémonie d’initiation.

&1 « Votre réception dans notre ordre… »

Le nouvel initié est « séparé des autres hommes ». Cette expression d’origine biblique signifie que la carrière maçonnique oblige celui qui s’y engage librement à des devoirs importants. C’est en cela que, dans une certaine mesure, il se met à part des autres hommes et non dans un sens sectaire. Pour suivre cette voie difficile le franc-maçon aura besoin de « l’exercice des vertus et de l’étude des connaissances ». La vertu c’est, au sens classique, la force, la force de caractère, l’énergie pour travailler à se rendre meilleur, essayer de voir clair en soi-même, et à cet effort moral s’ajoute l’effort intellectuel, l’étude des enseignements de l’Ordre, car la Maçonnerie s’apprend activement.

& 2 à 4 « Cependant, chargé aujourd’hui… »

Ces 3 paragraphes insistent sur cet effort moral et intellectuel. La chambre de préparation invite au « dépouille[ment] » de soi-même, ce qui devrait devenir une disposition permanente pour ce travail d’amélioration morale. Le Memento Mori « pensez-donc à la mort » n’est pas, dans cette optique, un pessimisme morbide. Il nous invite, au contraire, à nous examiner périodiquement, et à utiliser notre temps de la meilleure manière possible, celle que nous indique l’Ordre.

&5 « Les trois questions… »

Ces 3 questions posées au candidat dans la chambre de préparation seront mises en corrélation avec les 3 maximes délivrées lors des voyages, qui sont une proposition de réponse et une invitation à y répondre soi-même.

&6 « Les précautions qu’on a prises… »

On insiste sur la nécessaire sélection des candidats car la voie maçonnique n’est pas faite pout tout le monde et heureusement !

&7 et 8 « On vous a demandé… »

Sont abordées ici les questions du chapeau et de l’épée. Pour les comprendre il est indispensable de faire l’effort de se placer dans le contexte intellectuel et social du XVIIIe siècle. A cette époque l’épée est le signe visible de la noblesse tandis que l’usage du chapeau est un fort marqueur social. En Maçonnerie, cela indique que tous les Frères –qui portent l’épée- sont égaux –car nobles- au sens de l’égalité fondamentale des hommes devant Dieu. Nous sommes tous conviés à cette égalité et cette noblesse d’une autre nature, qu’est la prise de conscience du destin éminent de l’homme qui est de réaliser sa condition divine en revenant à sa vraie source.

& 9 et 10 « Toutes jouissances figurées… »

L’égalité dont il est question n’est pas l’effacement des distinctions sociales. Simplement, et c’est dans l’air du temps au XVIIIe siècle, ces distinctions sont fondées non sur la naissance mais sur « le mérite et la vertu ».

& 11 « Enfin on vous a bandé les yeux… »

Le candidat arrive à la porte de la Loge et on lui donne le premier terme d’un triptyque important, qu’il va vivre dans la cérémonie et, plus tard, dans d’autres grades. Ce triptyque, spécifique au Rectifié, « cherchant, persévérant, souffrant » rappelle par son premier terme que l’homme, dans son état actuel a perdu quelque chose, qu’il a un manque, qu’il recherche et que la Franc-maçonnerie lui propose un chemin, parmi d’autre, pour le retrouver.