La Règle maçonnique : lecture commentée
(Tenue du 3 juin 1991)
Article II. Immortalité de l’âme.
I
Homme ! Roi du monde ! Chef-d’œuvre de la création lorsque Dieu l’anima de son souffle ! Médite ta sublime destination. Tout ce qui végète autour de toi, et n’a qu‘une vie animale, périt avec le temps, et est soumis à ton empire : ton âme immortelle seule, émanée du sein de la Divinité, survit aux choses matérielles et ne périra point. Voilà ton vrai titre de noblesse ; sens vivement ton bonheur, mais sans orgueil : il perdit ta race et te replongerait dans l’abîme. Etre dégradé ! malgré ta grandeur primitive et relative, qu’es-tu devant l’Eternel ? Adore-le dans la poussière et sépare avec soin ce principe céleste et indestructible des alliages étrangers ; cultive ton âme immortelle et perfectible, et rends-la susceptible d’être réunie à la source pure du bien, lorsqu’elle sera dégagée des vapeurs grossières de la matière. C’est ainsi que tu seras libre au milieu des fers, heureux au sein même du malheur, inébranlable au plus fort des orages et que tu mourras sans frayeur.
II
Maçon ! Si jamais tu pouvais douter de la nature immortelle de ton âme, et de ta haute destination, l’initiation serait sans fruit pour toi ; tu cesserais d’être le fils adoptif de la sagesse, et tu serais confondu dans la foule des êtres matériels et profanes, qui tâtonnent dans les ténèbres.
&I. Ce paragraphe, écrit dans un style littéraire peu adapté à des hommes de la fin du XXe siècle, renferme pourtant des enseignements rectifiés. On y apprend la constitution intime de l’homme qui est ternaire : matériel ou corps ; vie animale ou âme ; âme immortelle ou esprit. Cette tripartition, largement oubliée aujourd’hui et réduite à la dualité corps-âme, est cependant attestée dès Saint Paul et classique dans le christianisme jusqu’au Moyen âge. L’esprit est donc l’âme immortelle émanée de la divinité. Ce principe, par un travail qui commence par l’adhésion intellectuelle et qui s’achèvera, au cours d’un cheminement spirituel, par la réalisation spirituelle, doit se séparer des alliages étrangers dans lesquels il est englué, le corps et l’âme c’est-à-dire le monde où nous sommes en exil depuis la Chute.
Cf. la Règle maçonnique et la Règle maçonnique abrégée